Il en découle un problème plus général de classification des différentes méthodes. En effet, dès lors, Harscouët (2007), Khalifa (2002) et Bougherara (2004) font la classification suivante :
Et, de même, Antheaume (2004) ne classe pas l’évaluation conditionnelle au sein des méthodes mesurant le coût du dommage, mais en fait aussi une catégorie à part. Jasch et Stasiškienė (2005), l’IFAC (2005), conseillent d’utiliser la méthode du coût de contrôle (ou de restauration selon l’IFAC 2005) plutôt que celle de l’évaluation contingente, car elles sont moins controversées.
En effet, les méthodes de coûts de contrôle ou de restauration sont basées sur des coûts que l’entreprise pourrait, voire devrait, réellement subir et donc moins de variables. De plus, le WTP et le WTA sont considérées très difficiles à appliquer par les entreprises du fait de la complexité des sondages à réaliser et des biais à éviter. Or, généralement, plus une méthode est complexe, moins son résultat est accepté.
Néanmoins, Harscouët (2007) et Grosclaude et Soguel (1994) considèrent que, malgré sa complexité, la méthode de l’évaluation contingente est à privilégier, car elle reflète les préférences individuelles. Par ailleurs, Grosclaude et Soguel (1994) remarquent que c’est la seule méthode possible quand il est impossible d’observer les préférences des personnes sur un marché et que l’on veut considérer le coût du dommage à l’environnement. Or, les méthodes du coût de contrôle et de restauration sont des méthodes, parce qu’elles prennent les coûts hypothétiques réels, qui échouent à mesurer le coût des impacts environnementaux. Or, comme Herborn (2005) a pu aussi le remarquer, une des volontés principales des entreprises se lançant dans l’évaluation monétaire des externalités est de refléter l’importance de l’environnement en lui-même, e.g. de la biodiversité. Ainsi, malgré l’utilisation de l’évaluation contingente, les gestionnaires et actionnaires sont gênés de réduire l’environnement à une valeur monétaire, car l’environnement représente plus que de l’argent.
Dès lors, si l’évaluation contingente, considérant cependant les valeurs que les personnes attribuent à l’environnement, est remise en question pour sa réduction à des termes monétaires, alors dans ce cas, l’utilisation des méthodes de coût de contrôle et de restauration ne paraît pas envisageable.
En effet, il existe un écart significatif entre ces dernières méthodes et les méthodes de coûts du dommage (dont l’évaluation conditionnelle est la plus connue). D’après l’étude de cas réalisée par Antheaume (2004) cet écart ferait varier les coûts externes par un facteur de 1 à 12000 en fonction de la méthode d’évaluation choisie et des impacts pris en compte. De plus, cet écart peut être considéré comme une subvention de la société aux entreprises, car il représente le montant de dommage que la société permet aux entreprises de créer sans qu’ils aient à les supporter un jour.
Quelle que soit la méthode choisie, n’oublions pas que l’évaluation des coûts externes est donc démontrée faisable, à plus ou moins grande échelle.